Originaire du département de la Somme, il a épousé une Auxiloise. En 1789, il est marchand. A la fin de cette année, l'Assemblée Nationale Constituante décide la nationalisation des biens du Clergé. Ces biens que l'on va vendre sont dits de première origine par comparaison aux biens des émigrés dits de deuxième origine.
Parmi ces biens, devenus nationaux, le couvent des Brigittins (situé à l'emplacement de l'école primaire actuelle) dont on décide la suppression. L'adjudication a lieu le 18 juin 1791. Auguste Douzenel achète les bâtiments, la brasserie et trois mesures de terre (soit 1ha28) pour le prix de 13 200 livres. A titre de comparaison, d'après l'abbé Vitasse, en 1790 la journée de travail aurait été fixée à une livre, somme qu'un autre texte permet de corroborer. Disons donc 300 livres par an, en tenant compte des jours chômés. Le montant de l'achat des Brigittins correspondrait donc à 44 années de salaire d'un ouvrier agricole ou de l'artisanat.
En avril 1792, Auguste Douzenel se heurte à l'administration du district qui veut faire enlever les cloches et il n'obtient pas gain de cause.
Puis il s'engage, déterminant, dit-on, "30 à 40 citoyens à l'accompagner pour partager avec lui les dangers de la guerre", très probablement au cours de seconde réquisition du mois d'août 1792 d'après la Patrie en danger. L'état de notre documentation ne nous permet pas d'expliquer pourquoi il laisse ainsi à Auxi sa femme et ses 4 enfants. Ardent patriotisme, bravoure, dévouement, comme on se plaît à le répéter? Ou bien considérations plus terre-à-terre?
Toujours est-il qu'il meurt le 18 frimaire an II (28 décembre 1793) d'un "accident de bivouac" nous apprend un certificat du chirurgien-major de troisième bataillon du Lot.
Dès lors, c'est la citoyenne Marie-Anne Maincourt, veuve Douzenel, qui intervient: elle demande à la Convention Nationale et obtient de celle-ci un secours de 1 000 livres imputable sur la future pension qu'elle doit toucher comme veuve de guerre (13 floréal an II: 2 mai 1794).
Le couvent des Brigittins ayant servi de salpétrière de floréal an II (début mai 1794) à thermidor an III (début août 1795), elle réclame en vendémiaire an IV (fin septembre 1795), une indemnité pour les dégradations aux bâtiments. Deux maçons sont nommés pour expertiser les dégâts mais il est peu probable que la citoyenne obtienne satisfaction puisqu'elle renouvelle sa demande en floréal an IX (mai 1800) avec, semble-t-il, peu de chances d'obtenir l'ensemble de l'indemnité demandée. Bel exemple de lenteur administrative et aussi d'obstination de la part de cette citoyenne qui, dans l'intervalle, s'est remariée et qui s'appelle femme Robart.
Pour écrire cet article, j'ai consulté différents documents de la série L des archives départementales du Pas-de-Calais à Dainville.
Régis Renoncourt.